juillet 2007
C'est au milieu des années 1990, dans le cadre de ma formation en naturopathie avec Robert Masson que j'ai entendu parler pour la première fois des Hunza du Pakistan, de leur mode de vie particulier et de leur longévité. En janvier 2007, j'ai eu envie d'aller voir de plus près cette population et d'aller reconnaître sur place les possibilités d'organiser un futur « Marcher pour progresser » sur leur territoire et dans leurs vallées. J'ai donc proposé, à qui le souhaitait, de m'accompagner dans cette aventure.
Pendant tout le voyage, Nadeem a été notre guide
Le pakistanais est implicitement ressenti comme un voyou terroriste; un jugement qui attriste ces populations de montagne. Les gens d'ici ne sont pas dupes, ils n'en veulent pas au non-musulmans, mais ils sont aigris contre les manœuvres des gouvernants, contre toutes les erreurs qui ont conduit aux tensions présentes, à la dévalorisation de leur image et de leur religion. Le 11 septembre n'a pas changé la qualité d'accueil des montagnards, au contraire. Montrer la confiance que l'on garde envers ces hommes en continuant à aller à leur rencontre est le meilleur moyen d'éviter de creuser le fossé culturel qui entretient l'incompréhension et la peur." Galdine Benestar et Pierre Neyret; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
C’est donc dans le sas de la zone d’embarquement de l’aéroport de Muscat, capitale du Sultanat d’Oman, venant de Paris via Bharein et seuls occidentaux à nous embarquer pour Islamabad, que nous avons commencé à nous débarrasser de nos projections et de nos imaginaires pollués, pour oser tenter la rencontre.
Partis de Paris, nous sommes arrivés à Islamabad après 24 heures de trajets aériens ponctués d’escales à Bahreïn et Muscat (Sultanat d'Oman).Capitale actuelle du Pakistan, Islamabad est une ville moderne construite au cordeau par les urbanistes à partir de 1961. Nous ne sommes peut-être pas restés suffisamment longtemps dans cette ville pour vraiment lui trouver du charme.
Néanmoins, nous avons passé un moment très agréable et très serein lors de la visite de la Mosquée Shah Faisal.
La Mosquée Shah Faisal à Islamabad est l’une des plus grande d’Asie, elle a été financée par le gouvernement d'Arabie Saoudite, elle a une superficie de 5000 mètres carrés et peut accueillir 300 000 fidèles. La Mosquée est construite à l’une des extrémités de la ville dans un endroit magnifique fourni par les collines de Margalla. C’est un point focal de la ville et l’icône la plus connue d’Islamabad.
Nous sommes tombés sous le charme de Rawalpindi, ville ancienne située seulement à 15 kilomètres d'Islamabad, et nous avons particulièrement apprécié l'atmosphère du « Rajah Bazar » grouillant d'odeurs, de couleurs, d'animation et de sourires.
Les villes pakistanaises, hormis peut-être la jeune et moderne Islamabad, surprennent de prime abord par leur circulation intense et anarchique. C'est un flot incessant de véhicules qui louvoient, sans jamais freiner, tout en klaxonnant pour forcer le passage. Bus bariolés, Suzuki décorées, rickshaws pétaradants et parfois Tongas tirées par des chevaux usés, forment un bric-à-brac visuel et sonore qui déconcerte le voyageur épris de grands espaces et d'altitude. Difficile de se repérer dans ces cités labyrinthiques où se côtoient cols blancs affairés, commerçant de lointaines provinces et réfugiés convertis en vendeurs de rue. [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
Dès notre arrivée à Islamabad, nous avons appris que la route du Karakorum (Karakoram Highway - KKH) que nous devions emprunter pour rejoindre la vallée de la Hunza plus au Nord, venait d’être coupée par les intempéries dues à la mousson. Une solution de rechange a été rapidement étudiée par l’agence Tamera et notre réceptif pakistanais. Il a été décidé que nous rejoindrions la ville de Chilas, non pas par la KKH comme prévu dans le programme initial, mais à travers la "Kaghan Valley" en franchissant avec des jeeps à 4170 m d'altitude le col de "Babusar Pass".
C'est donc à bord de deux Jeeps américaines des années 70, « customisées à la pakistanaise », que nous nous sommes engagés très tôt le matin dans l'indescriptible circulation routière du Pakistan.
Cette modification imprévue de notre itinéraire, loin de nous être défavorable, nous a permis de découvrir un Pakistan profond et authentique et de traverser plusieurs villes et villages tout aussi fascinants les uns que les autres.
Cet itinéraire empruntant à travers la "Khaghan valley" nous a aussi permis de passer par l'épicentre du séisme qui a ravagé le nord du Pakistan et du Cachemire indien en 2005.
Le 8 octobre 2005 a eu lieu à l'est de Srinagar, au Cachemire indien, près de la frontière entre l'Inde et le Pakistan, au nord-est d'Islamabad un séisme d'une magnitude de 7,6. Le tremblement de terre a frappé principalement le nord de l'Inde, le Pakistan et l'Afghanistan. Au Cachemire, sous administration pakistanaise, plus de 75 000 morts et 77 000 blessés ont été enregistrés. Parmi ceux-ci, quelque 11 000 personnes ont trouvé la mort dans la capitale du Cachemire pakistanais, Muzaffarabad, et ses environs. Plus à l'ouest, dans les montagnes de l'Hindu Kuch, un total de 1 760 personnes ont été tuées et 1 797 blessées. 3,5 millions de personnes se sont trouvées sans abri. (Source: Wikipédia)
Nous avons pu constater que les stigmates de ce drame sont loin d'être effacés, et que de nombreuses personnes continuent à habiter dans ces abris provisoires aux toits bleus, fournis par l'aide humanitaire locale et internationale.
La reconstruction de la région et des infrastructures est loin d'être terminée.
C'est donc à travers une région dévastée aux routes cassées ...
..et à travers les camps (encore) provisoires de réfugiés que notre première étape s'est achevée à Naran.
Patrick et moi, avons pu apprécier l'hospitalité des habitants en faisant le tour des gargotes à Thé, en attendant que la nuit tombe sur ce sympathique village de l’Indus Kohistan voisin du Cachemire tout proche.
L'inconnu fait peur. Dans les montagnes, les reliefs difficilement cloisonnent les peuples et, d'une vallée à l'autre, on s'observe de loin. (...) La méconnaissance engendre des histoires qui, à force d'être racontées, déformées, amplifiées, deviennent effrayantes. (...) 15 jours à discuter avec les hommes du Nanga comme seuls compagnons de voyage m’ont appris une chose: malgré le fossé culturel qui nous sépare, malgré le poids du pouvoir religieux sur les âmes d'ici, les sentiments humains incontournables qui régissent les rapports entre les individus sont rigoureusement les mêmes que les nôtres. En partant de cet état d'esprit, il n'y a plus de raison d'avoir peur. La confiance et le respect que l'on affiche envers ces hommes se retournent alors envers soi, les regards deviennent protecteurs, et les sourires vrais. Ainsi naissent de solides amitiés. [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
Fatigués par la journée de la veille mais levés avant l'aube, nous sommes engagés pour une très longues étape sur une piste particulièrement chaotique qui est rapidement venue à bout des capacités techniques de nos appareils photographiques numériques.
Nous avons vraiment apprécié la maîtrise et la conscience professionnelle de nos chauffeurs sur ces routes et ces pistes difficiles et souvent vertigineuses.
Leur concentration et leur attention n’ont jamais été mises en défaut tout au long de cette liaison pourtant pleine de pièges.
Ces chauffeurs et accompagnateurs qui n'ont eu cesse de veiller à notre bien-être et à notre confort pendant toute la durée de ce long trajet physiquement éprouvant.
Le jour se lève lentement et comme nous , le soleil semble peiner à se faufiler dans le dédale de ces hautes vallées.
D'autres jeeps se joignent à nous pour commencer l'ascension vers la "Babusar Pass" et c'est en convoi que nous atteignons enfin des pâturages ensoleillés.
Dans ces lieux austères, quelques familles de bergers passent l'été .
La rencontre avec les rares étrangers de passage est manifestement la bienvenue.
Les jeeps négocient lentement et humblement les obstacles ...
...tandis que la piste de montagne serpente entre les rivières, ...
... longe de superbes lacs glaciaires, ...
... des pâturages d'altitude, ...
... et surplombe un camaïeu de villages et d'enclos à ovins et à caprins ...
... tout en s'élevant lentement vers le col de Babusar.
Les jeeps rutilantes au soleil du petit matin, essouflées par l'altitude, peinent à masquer leur âge ...
...mais finissent quand même par rattraper au sommet du col (4170m) un Toyota, peut-être encore plus vieux qu'elles, surchargé par un groupe de prêcheurs...
... qui trop pressés de porter la "bonne" parole, basculeront rapidement de l'autre côté du col pour s'éparpiller dans les différents villages de la vallée, sans même jeter un coup d'œil au formidable panorama et au point de vue qui s'offre à nous sur la chaine de la Nanga Parbat (8125m).
A notre tour, nous nous engageons dans la descente vers Chilas et L'Indus dans une succession de villages que nous découvrirons impressionnés par la parfaite organisation des cultures en terrasses et des surfaces agricoles gagnées à force de travail et de persévérance sur la montagne.
Les paysans aiment leur terre ; c'est un cadeau qu'il faut chérir afin qu'elles donnent la vie. Il travaille tout le printemps pour nettoyer les canaux d'irrigation, répandre du fumier, labourer les parcelles avec des charrues tirées par leurs capricieux « dzo » (croisements de vache et de yak), semer le grain de l'année précédente. Les champs sont impeccables ; aucune mauvaise herbe n'échappe à la vigilance des femmes. En août, les cultures se gorgent de lumière ; c'est la belle saison, où l'on regarde la nature grandir. Quand certains sont à l'alpage, d'autres font du bois pour l'hiver, ou construisent la maison d'un nouveau foyer. Septembre est le mois des grands travaux des moissons, qui mobilise toutes les forces vives. Les bêtes rentrent de la montagne, et c'est l'hiver. Six mois de vie au ralenti, à regarder le temps qui passe en mangeant la dernière récolte, avant de semer la suivante. Une vie en boucle. [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
Plus d'une fois pendant ce trajet en Jeeps nous avons regretté de ne pouvoir arriver à pied sac au dos et d'entrer en relation en simples marcheurs avec les habitants de ces villages.
Après une longue et chaotique descente , nous rejoignons L’Indus et la fameuse "KKH", la route du Karakorum.
Le midi, nous atteignons enfin Chilas, où il fait étouffant de chaleur, pour reprendre l'itinéraire initialement prévu par le programme.
L'après-midi, c'est sous la menace d'un orage que nous reprenons la KKH en longeant la vallée et les rives de L'Indus où des petits groupes de chercheurs d'or vivent près du fleuve sous des tentes de fortune pour chercher quelques pépites déposées par le fleuve à proximité des berges. Ces petites communautés viennent pour la plupart du Kazakhstan et du nord de l'Afghanistan.
« L’Indus est le fleuve roi du Pakistan. Après avoir pris sa source à près de 5500 m d'altitude au pied du mont Kailash au Tibet, traversé le Cachemire indien en passant au Ladakh, il pénètre le pays par sa frontière orientale au Baltistan, tout en longeant le versant sud du massif du Karakoram.Sortant des gorges, chargé du limon qu'il a rongé sur les versants et sur le sol de toute une partie de l'Himalaya, ses eaux grises glissent rapidement mais silencieusement au pied des austères versants du Kohistan. C'est l'endroit où la Karakoram Highway suit son cours sur environ 200 km, dans un décor d'une nudité dramatique. » [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
Les peupliers qui bordent l'Indus et ses affluents anticipent déjà les paysages qui nous attendent dans la vallée de la Hunza que nous sommes impatients de rejoindre, car nous sommes en route depuis l'aube et la fatigue de ces deux jours de jeeps commence à se faire sérieusement sentir.
Avant de pouvoir accéder au but de notre voyage , nous devrons un peu patienter à la frontière du district de la Hunza en compagnie des superbes camions de la KKH en route vers la Chine toute proche et Khasgar la ville mythique de l'ancienne route de la soie.
La KKH est la route la plus haute du monde avec des passages de cols à plus de 4.700 m. Cette route, parallèle à l'ancienne route de la Soie, permet depuis 1978 de rejoindre Islamabad à Kashgar, et de se rendre en Asie Centrale. Ces hautes vallées du Pakistan sont en fait le carrefour des civilisations, des cultures et des religions. Influencées par le Bouddhisme, imprégnées d'Hindouisme et finalement dominées par l'Islam, ces vallées en haute altitude ont toujours été le lieu de passage des caravaniers. Depuis 1978 (grâce à la Karakoram Highway) elles sont le croisement du développement du commerce entre la Chine et le Pakistan.
Après 15 heures de pistes à jeeps et de KKH nous sommes arrivés de nuit exténués à Karimabad, mais notre fatigue s'est rapidement dissipée le lendemain matin en découvrant sur la terrasse de notre hôtel la splendeur de la vallée de la Hunza et le superbe Rakapochi qui veille sur la vallée du haut des ses 7788 mètres.
« Hunza est une halte régénérante. Cette oasis de près de 80 000 âmes s'étend en un chapelet de villages de part et d'autre d'un canyon gris au fond duquel s'écoule un puissant torrent alluvionnaire. À 360, des sommets de plus de 7000 m aux faces glaciaires quasi verticales étreignent le paysage patiemment façonné par les hommes grâce à de petits canaux.» « Karimabad occupe un versant de près de 500 m de dénivelé, adossé aux vertigineuses pentes glaciaires de l’Ultar. Son fort, ancienne résidence royale, s'élève sur un éperon dominant toute la vallée. C'est autour de cette capitale que bat le cœur de la Hunza. » [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
« Karimabad ainsi que toutes les oasis qui lui sont reliées, est passée, en quelques décennies, d'une situation coupée du monde à une modernité prospère. Hunza a non seulement bénéficié de l'ouverture de la route mais également du soutien de l’Aga Khan Rural Support Program(AKRSP) qui a appris aux montagnards à s'organiser collectivement, à s'autogérer, à investir et à vendre leur production. Les techniques anciennes et adaptées à leur relief, alliées à des méthodes de culture plus moderne, ont permis aux Hunza de transformer leurs vallées et ses versants en de riches jardins et vergers dont le surplus des récoltes, pommes de terre et abricots, d'une qualité exceptionnelle, s'entassent à l'arrière des camions bariolés pour alimenter en produits frais les marchés des plaines. Les Hunza connaissent désormais la mobilité et circulent grâce à un réseau de pistes développé. » [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
Les rues sont encore embrumées et endormies lorsque nous traversons le Bazar de Karimabad dont l'artisanat est surtout réputé pour les pierres précieuses extraites des glaciers qui entourent la vallée.
Nous nous élevons à travers le dédale des maisons, des murets et des jardins, jusqu'au seuil des montagnes qui surplombent la vallée.
« De toute l'aire himalayenne, la vallée de la Hunza est sans doute le plus bel exemple d'adaptation de l'homme à son milieu. Les montagnards ont su, au fil des siècles, relever le formidable défi de mettre en culture à un monde vertical, qui ne reçoit que de très faibles précipitations et où, sans l'irrigation, les terres ne seraient qu'un vaste désert. La perfection des aménagements agricoles est sidérante. Utilisant la loi de la gravité, depuis des siècles, les montagnards Hunza acheminent l'eau là où ils le souhaitent par un ingénieux système de canaux dont les plus longs dépassent 10 km Chaque terrasse est irriguée par une eau limoneuse, plus régénérante pour les sols que celle de la pluie. Ce formidable résultat découle d'un extraordinaire travail, lent, difficile et souvent dangereux. Quasiment tous les canaux ont été creusés à la pioche, parfois en pleine falaise à des dizaines de mètres de haut. Les plus spectaculaires sont sans doute ceux de la gorge d’Ultar, située au-dessus de Karimabad. La gestion de cet impressionnant réseau est complexe et exige un labeur sans relâche ... » [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
En suivant le vertigineux tracé des canaux d'irrigations d’altitude, témoins du génie et de l'opiniâtreté des Hunzas pour aménager leur territoire, nous rejoignons un groupe de villageois affairés à réparer une canalisation détruite par un éboulement de terrain. Témoignant d'une belle énergie et d'une forte solidarité, jeunes et vieux étaient au travail.
Après les palabres d'usage nous continuons notre ascension vers l’alpage d’Ultar, en espérant que les nuagesse dissipent enfin, afin que nous puissions admirer l’"Ultar Peak" (7388m) et son glacier ainsi que le "Lady finger" (6000 m).
Malheureusement les dieux de la montagne n'ont pas accédé à notre requête et après un bon moment de repos et un excellent repas pris dans la cabane des bergers, nous avons pris le chemin du retour sainement fatigués par cette première mise en jambes de la reconnaissance.
Le lendemain matin, le beau temps revenu, nous pouvons enfin apercevoir les méandres de la Hunza River.
Karimabad est la capitale de la vallée de la Hunza. Les habitants sont ismaéliens, une branche progressiste de l'Islam tolérant, et leur chef spirituel est le prince Karim Agha Khan. Cet ancien royaume autrefois dirigé par un "Mir" est une vallée très fertile. Elle est entourée de sommets de plus de 7.000 mètres dont le Rakaposhi (7.788 m), le Diran (7.266 m), le Spantik (7.027 m) et le Mont Ultar (7.388 m). La moraine du glacier est un limon naturel qui permet de produire de nombreuses cultures en espaliers alimentées par l'eau canalisée des glaciers. Le taux d'ensoleillement exceptionnel permet de déguster des abricots, pêches, pommes, etc.
Le but de la marche de la matinée est d'atteindre le fort de Baltit .Le fort de Baltit est construit sur les hauteurs de Karimabad, au pied du sommet d’Ultar, à 2800 mètres d’altitude. Le bâtiment datant principalement du XVIIIe siècle mais avec quelques restes du XIIIe siècle, a été restauré par les efforts de la Fondation de l'Agha Khan.
La montée jusqu’au fort est assez physique ...
Tout en nous élevant, nous apercevons le fort d'Altit, situé à 3 kilomètres en contrebas de la ville de Karimabad et construit sur une colline de 300 mètres de haut.
Le fort a été construit avec des techniques légères, pour résister aux nombreux tremblements de terre : charpentes majestueuses et murs de briques de terre séchées, qui rappellent les constructions tibétaines et ladakhis. Selon la légende, ce serait la princesse du Baltistan (Skardu voisine, à la frontière avec le Ladakh) qui, en épousant le Mir de Hunza, serait venue avec des artisans chevronnés de sa province pour construire sa demeure.
Il s’agit d’une réelle forteresse, destinée à protéger la vallée de Hunza, puisque l’intérieur mélange le confort d’une demeure princière avec une vue magnifique, avec un espace fermé et militarisé.
Les forteresses d’Altit et de Baltit étaient les demeures de la famille royale.La famille des Mirs de Hunza a vécu dans le fort jusque dans les années 1950, date à laquelle la vallée, comme les autres zones tribales du Nord du Pakistan s’est ralliée au Pakistan indépendant.
Les derniers Mirs ont perdu leur souveraineté en 1974, quand que Pakistan et la Chine ont construit la Karakoram Highway. Mais la citoyenneté des montagnards reste floue. Ils ne sont pas pakistanais à part entière car le sort de ces « territoires disputés » du Cachemire n'a jamais été tranché par les instances internationales. Les anciens royaumes demeurent les racines identitaires originelles, les plus ancrés dans les mémoires.
L'après-midi, notre reconnaissance dans la vallée de la Hunza se prolonge...
par une randonnée qui nous permettra d'apercevoir de plus près le village et le fort d'Altit.
Tout en prenant le temps de cueillir en cours de route les fameux abricots de la vallée de la Hunza,...
...nous rejoignons l'hôtel dans lequel nous passerons la nuit,et son point de vue incomparable, sur la vallée et les superbes montagnes qui nous entourent.
Sur la route qui nous mène de Karimabad à Gulmit , nous faisons un arrêt pour admirer les roches sacrées de la Hunza. Ces rochers comportent des inscriptions et des pétroglyphes (éléphants - yacks - ibex - marmottes) laissées par les tibétains et les chinois qui occupaient autrefois la région de la Hunza.
Tout le long de cette route, nous pourrons souvent repérer de nombreuse traces de l’ancienne route de la soie.
La route de la soie était un réseau de routes commerciales entre l'Asie et l'Europe allant de Chang'an (actuelle Xian) en Chine jusqu’à Antioche, en Syrie médiévale. Elle doit son nom à la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie, dont seuls les Chinois connaissaient le secret de fabrication. Cette dénomination, forgée au XIXe siècle, est due au géographe allemand Ferdinand von Richthofen. À partir de Kashgar et Yarkand, les pistes rejoignaient la Perse ou l'Inde à travers les hautes montagnes de l'Asie centrale (Pamir, Hindū-Kūsh et Karakoram), puis par la Sogdiane (Samarcande, Boukhara, Merv), la Bactriane (Balkh) ou le Cachemire (Srinagar). En fait, très rares étaient ceux qui parcoururent l'intégralité du trajet. Marco Polo, son père et son oncle furent de ceux-ci.
Les marchandises venues d'Orient ou d'Occident s'échangeaient dans les oasis, devenues d'importants comptoirs fréquentés par, outre les commerçants, des pèlerins, des soldats et des espions. Cette région du « Turkestan chinois » était sous la souveraineté théorique de l'empereur de Chine, mais cette domination subissait de fréquentes éclipses dues à son grand éloignement et à la difficulté d'y maintenir des garnisons suffisantes.
La route fut aussi utilisée par les pèlerins qui cherchaient à refaire les pérégrinations du Bouddha. La longueur du parcours, les multiples dangers encourus par les voyageurs sur ces pistes soumises aux incursions de peuples belliqueux, aux attaques des brigands, et à l'extrême rigueur du climat (torride en été et glacial en hiver), rendaient très chers les produits qui transitaient ainsi entre le bassin méditerranéen et l'Extrême-Orient. Ce fut une des raisons qui incita les Européens à rechercher une route maritime vers les pays d'Orient. La Route de la soie fut progressivement abandonnée au XVe siècle. De plus la fabrication de la soie s'était peu à peu développée en Europe, de sorte que les soies chinoises intéressaient moins les Européens.
Elle fut également la voie par laquelle plusieurs religions étrangères pénétrèrent en Chine : bouddhisme, christianisme nestorien, judaïsme, manichéisme et islam se transportèrent au travers de ces régions jusqu’à Xi'an.
Arrivés à Gulkin, village de notre guide Nadeem, nous avons eu la chance d’être invités à partager avec les villageois la fête du jubilée d’or, donnée en l’honneur des 50 ans d’Imamat du guide spirituel des Ismaéliens, Karim Agha khan.
Les disciples de l'ismaélisme sont appelés ismaéliens ou ismaīlites, à ne pas confondre avec les descendants d'Ismaël (prophète de l'islam et patriarche biblique) appelés ismaélites.
L'ismaélisme, ou ismâîlisme est un courant minoritaire de l'Islâm shiite. Ses membres sont appelés Ismaéliens, Ismâ`îliens. Une étude de l’ismaélisme doit couvrir plusieurs aspects : il n'est pas spécifiquement persan, ni arabe, ni indien ; il a une longue histoire qui est complexe et loin d'être unifié, l’ismaélisme se subdivise en plusieurs rameaux.Les Ismaéliens se partagent en deux branches : les Mustalis et les Nizaris.
Les ismaéliens sont une branche des chi'ites. On sait qu'après la mort du Prophète, quatre califes se succédèrent à la tête de la communauté musulmane: Abou Bakr, Omar, Othman et Ali. En 675, après l'affrontement à Siffin, qui opposa Ali et Moawiya, le futur calife, l'islam se scinda en trois: les sunnites, les kharidjites et les chi'ites.
Le chi'isme repose sur le principe de l'imamat qui réserve à Ali et à ses descendants le droit de diriger la communauté musulmane. L'imam, ou guide spirituel, est un docteur, investi par désignation divine, qui continue la mission du Prophète. Les imams détiennent des connaissances secrètes qu'Ali aurait reçues du Prophète et qu'il se transmettent les uns aux autres. L'imam constitue la seule autorité qualifiée pour fixer l'interprétation de la Loi.
L'influence de l'ismaélisme sur la pensée et la littérature arabes a été considérable. On lui doit la création des corporations basées sur un rituel initiatique dont s'est inspiré, en Occident, le Compagnonnage.
Le rôle spirituel de l’imam est considérable puisqu’il est la manifestation de Dieu sur terre sous forme humaine. C’est un être de nature supérieure qui sert d’intermédiaire aux âmes pour qu’elles accèdent à Dieu. Par ses discours et ses écrits, l’imam, en l’occurrence l’Agha Khan, donne ses instructions spirituelles à ses fidèles et les guide. Les Ismaéliens nizaris se contentent généralement de deux prières par jour, ne s’astreignent pas au jeun du Ramadan et prescrivent la monogamie. C’est dire que les Ismaéliens ne sont nullement portés au fanatisme et acceptent facilement le dialogue avec les autres religions. Jamais cependant ils ne font de prosélytisme, ce qui explique en partie la faiblesse relative de leurs effectifs.
Les Nizaris, qui reconnaissent pour imam l’Agha Khan vivent dans les zones montagneuses d’Asie centrale : il y en avait 250 000 en Afghanistan dans la région de Bamyan, 120 000 au Tadjikistan, 80 000 dans le Xing Yang chinois, 120 000 en Syrie, 80 000 en Iran, 250 000 dans diverses régions de l’Inde et du Pakistan.
A l'occasion de cette fête, nous avons eu le privilège d'être invités à diner dans la maison notre guide. Pendant cette soirée, le père de Nadeem qui est théologien et qui à fait ses études à Londres, nous a entretenu pendant de longues heures sur la religion, la philosophie et le mode de vie de la communauté ismaélienne ainsi que sur sa politique d'éducation et de développement des Hunzas.
« La multiplication des écoles, notamment de filles, l'implantation de dispensaires, le financement d'infrastructures collectives telles que des ponts ou des pistes ont insufflé une formidable énergie à tous les habitants de la vallée. Ses nombreuses actions ont été supervisées et financées par les diverses branches de la fondation du prince Aga Khan, chef religieux des ismaéliens auxquels les Hunza sont affiliés. Aujourd'hui, leur région est un modèle du genre matière de développement et elle est citée en exemple par la banque mondiale. »
« Le nombre d'établissements dans les régions du Nord est passé de huit en 1950 à plus de 500 en 2004. Le taux d'alphabétisation a progressé mais reste faible : 59 % pour les hommes et 30 % seulement pour les femmes. C'est une moyenne ; les communautés ne sont pas toutes la même enseigne. Dans le Nord du pays, il y a un fossé entre les populations ismaéliennes, soutenues par l'Aga Khan, qui font de l'éducation le fer de lance de leur développement et envoient les filles étudier jusqu'à l'université, et les villages sunnites ou chiites les plus éloignés, démunis et traditionalistes, du Nanga Parbat, du Baltistan ou des régions tribales. » [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
Après avoir quitté la fête nous nous sommes dirigés vers le lieu de notre bivouac du soir au lac de Borit.
Mais avant d'atteindre le bivouac, après avoir traversé le village, nous avons dû nous franchir les crètes d'une succession de glaciers afin de passer dans l'autre vallée.
Cette petite ascension nous a permis de nouveaux de découvrir une splendide vue des paysages caractéristiques de la vallée de la Hunza.
Il ne nous restait plus qu'à redescendre vers le lac de Borit et notre bivouac.
Après un agréable bivouac sous tente au lac de Borit, nous avons repris la KKH vers le nord en direction de Sost, de la vallée de Chapursan et de la frontière chinoise.
En chemin nous avons rencontré ces femmes qui battaient joyeusement des tapis à même la route pour préparer la fête du « Golden jubilée » de leur Imam l'Agha Khan.
Sost figure parfaitement l'idée que l'on peut se faire d'une "ville frontière" avec son intense trafic de quatre-quatre, de camionnettes et de camions surchargés, ses commerces colorés où diverses ethnies se croisent bruyamment et nonchalamment.
Sost est le dernier village sur la KKH avant la frontière chinoise et le célèbre « Kunjerab Pass », col frontière qui culmine à 4733 mètres.
Nous nous sommes arrêtés à Sost quelques heures avant de pénétrer dans la vallée de Chapursan, le temps de commander notre repas au restaurant, le temps aussi que le cuisinier et son commis prennent tout leur temps pour faire les courses dans les multiples échoppes du village et reviennent avec des produits frais pour nous préparer à la dernière minute un succulent repas chinois. Le rapport au temps au Pakistan n'est pas tout à fait pareil que chez nous.
Sost est un lieu important de transit pour les camions Pakistanais colorés et très décorés, qui livrent les marchandises venues du Punjab, aux camionneurs chinois qui alimenteront les marchés de Kashgar.
« Les enluminures des bus et des camions, jadis destinées à chasser les mauvais esprits, sont l'objet d'une véritable surenchère décorative de la part de leurs propriétaires. » [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
La vallée de Chapursan conduit au fameux corridor de Wakhan, situé le long de la frontière afghane. Jusqu’en 1991 elle était interdite aux étrangers .Cette contrée pourtant très belle est encore très peu fréquentée aujourd’hui. De nombreux habitants de la région Hunza-Gojal au nord du Pakistan empruntent cette vallée isolée. Beaucoup de légendes qui thématisent les catastrophes naturelles en sont issues .
Le corridor du Wakhan fut créé à la fin du XIXe siècle par l'empire britannique comme tampon contre une agression potentielle de la Russie contre l'Inde. En forme de queue de poêle, Le corridor du Wakhan est situé à l'est de l'Afghanistan,dans la province du Badakhchan dans la région montagneuse du Pamir, il est bordé au nord par le Tadjikistan, au sud par le Pakistan et à l'est par la Chineet mesure parfois moins de 15 km de large sur environ 200 km de long. Le corridor de Wakhan est très peu peuplé. Le principal groupe ethnique est formé par les Wakhis, ainsi que par quelques Kirghizes.
La vallée de Chapursan s’étire le long d'une rivière, du village de Sost au corridor de Wakhan.
Après avoir quitté Sost, les premiers kilomètres de pistes dans un univers très minéral ne permettent pas de deviner la succession de petits villages de cultures verdoyantes qui s'étirent par la suite jusqu'à la frontière afghane.
Vue du ciel, les régions du nord du Pakistan paraissent invivables. C'est un océan de rochers de glace, creusé de profondes vallées aux flancs dénudés et incendiés par le soleil. Je suis toujours émerveillé quand je perçois de petites taches de verdure blottie au coeur de ce chaos désertique. Minuscules oasis accrochées à la moindre parcelle de terre, rendues hospitalières par le minutieux travail des agriculteurs de montagne. <cite[Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards>
Cette vallée, peu fréquentée par les touristes, est un réel havre de tranquillité.
Dès l'aurore, la population est au travail dans les champs, femmes et enfants y compris, s’affairant pour entretenir de petites parcelles cultivées irriguées par des rigoles dessinées en serpentins et creusées à même le sol.
Endurance ou résistance ? Pendant cette petite ascension, Patrick prend le pouls de l'équipe. Voilà une bonne occasion de profiter des circonstances du voyage et de la marche pour organiser un atelier de physiologie de l'effort improvisé par les difficultés naturelles du terrain.
C'est fou ce que les cheveux poussent vite à cette altitude !
Notre randonnée nous a conduit à « Bagagundi » en fin de vallée à quelques kilomètres de l'Afghanistan et de la Chine. « Bagagundi » est le lieu où quelques habitants de la vallée séjour de l'été dans de petites maisons de pierre pour y garder les troupeaux.
Nous avons été invités dans l'un de ces foyers où il n'y a ni eau ni électricité pour prendre le thé et goûter au yaourt de maison. De nouveaux nous avons été touchés par la gentillesse et l'hospitalité de ces humbles montagnards.
Notre randonnée dans la région de Passu, village situé au bord de KKH et porte d'entrée vers la vallée de Shimshal,nous a permis de retrouver les montagnes en forme de cathédrales gothiques si caractéristiques de cette région du monde.
Passu est le début des vallées fertiles du Baltistan. C'est aussi le royaume des géologues, c'est le seul endroit au monde où l'on peut admirer le plus haut dénivelé de paroi rocheuse. Ces montagnes granitiques constituent une frontière naturelle entre la Chine au Nord, le Pakistan au Sud et la Russie au Nord - Est.
Cette randonnée a aussi été l'occasion d'une très belle « séquence émotion » lors du franchissement du célèbre pont suspendu de Passu dont la longueur dépasse les 150 mètres.
La longueur du pont, l'écart important entre les planches et bouts de bois sur lesquels il faut trouver son appui, la vision sous les pieds de la rivière grise qui glisse rapidement en charriant le limon glaciaire créant ainsi un référentiel visuel qui déroute le cerveau, la minéralité et le gigantisme de l'environnement montagneux, sont autant d'éléments qui participent à cette épreuve initiatique, vertigineuse et forcément inoubliable.
« Shimshal est au bout du monde. À 3000 m, ce village important est resté durant des années l'un des plus reculé des montagnes pakistanaises, en raison des obstacles du relief. Le Mir, l'ancien monarque de Hunza, bannissait autrefois ses sujets déloyaux, tant il était sûr qu'il ne pourraient s'en échapper.Pendant près de 25 ans, les Shimshali ont cru dur comme fer à un rêve : désenclaver leur vallée en construisant une piste. Être relié au monde,accéder à un certain niveau de modernité, telle fut leur obsession. Alors que toutes les localités du nord du Pakistan bénéficiaient d'un accès routier, les Shimshali continuaient à s'éreinter sur leur sentier périlleux pour acheminer essence et biens de consommation. Ni électricité, ni téléphone : lorsqu’une personne était blessée ou malade, un volontaire devait gagner à pieds Passu pour appeler l'hélicoptère qui, hypothétiquement et si la météo était favorable, pouvait arriver à temps. En septembre 2003, le village a inauguré sa piste, symbole de la fin d'une époque et de l'ouverture tant attendue sur le monde. Quelques heures de Jeeps suffisent dorénavant à s'affranchir de la gorge et à découvrir, installée dans un replat miraculeux, la longue plaine alluvionnaire de Shimshal, entièrement cultivée. » [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
Nous attendions tous avec impatience de pouvoir rejoindre la vallée de Shimshal point d'orgue de notre voyage.
Jusqu'il y a encore cinq ans, la vallée de Shimshal était complètement isolée. Pour s'y rendre, il fallait marcher trois à quatre jours avec une caravane de yaks sur des sentiers escarpés et vertigineux.
La vallée est maintenant désenclavée par une piste à Jeeps. Il faut actuellement environ quatre à cinq heures de 4X4 pour rejoindre Shimshal.
Néanmoins ces quatre à cinq heures de Jeeps constituent encore un passage « initiatique » car l'étroitesse des chemins et les profonds ravins qu'ils longent sont vraiment impressionnants et constituent une sorte d'épreuve qui fait qu'il faut encore mériter à l'heure actuelle d’arriver à Shimshal.
La récompense est au bout de cette piste difficile lorsque la vallée s'élargit et que les premiers signes d'habitation et de cultures apparaissent.
C'est un réel privilège que de pouvoir accéder à ce lieu magique et de se rendre compte que l'homme a cette capacité extraordinaire de pouvoir s'installer dans des lieux vierges, de s'y adapter en parfait équilibre avec la nature et ses cycles et d'y vivre en harmonie.
Patrick s'est très rapidement "Shimshalisé".
« Les Shimshali sont aujourd'hui partagés entre deux mondes : la vie traditionnelle qui se perpétue autour des alpages, immuable, difficile, usante, et la modernité qui, avec la construction de la piste, apporte les rudiments du confort. Progressivement, l'électricité est arrivée dans chaque foyer, fournie par une microcentrale qui fonctionne uniquement l'été, quand l'eau des torrents est libre. Un tracteur et une batteuse, acheminés en pièces détachées par hélicoptère, ont radicalement changé le travail agricole, allégeant labour, récoltes et vannages. Enfin, la piste supprime le labeur des portages qui cassaient le dos des hommes. » [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
"En raison de son habitat dispersé, l'ambiance de Shimshal est particulière. Ici, pas de Rue, mais un labyrinthe de canaux d'irrigation entourant les parcelles de blé, qu'il faut suivre pour aller d'un point à l'autre. » [Galdine Benestar et Pierre Neyret][3]; Hautes vallées du Pakistan; Editions Vision de Montagnards
Notre séjour à Shimshal nous paraîtra bien évidemment trop bref, tant il y a de possibilités de randonnées. Il est évident que si un « marcher pour progresser » s'organise un jour au Pakistan, Shimshal et ses environs prendront une place importante au programme.
Pendant deux jours, notre retour par la Karakoram Highway s'est transformé en atelier improvisé de « lâcher prise » , une seule injonction a prévalu : « S’en remettre et faire confiance aux chauffeurs et si besoin, fermer les yeux ! ».
Les règles de la conduite et donc de la survie sur La Karakoram Highway sont très simples et s'énoncent en une seule phrase : « S’écarter devant plus gros que soi ! »
En principe cela fonctionne étonnamment bien,... Quoique parfois ...
Nous avons perdu plus de deux heures sur le chemin de retour à cause d'un éboulement qui a coupé la KKH, comme cela arrive souvent à cette saison où les pluies ravinent la route et fragilisent les parois desquelles les rochers peuvent se détacher facilement.
Il y avait quelque chose d’un peu inquiétant pour nous dans cette situation inhabituelle qui fait pourtant le quotidien des routiers de la KKH.
Notre retour s'est déroulé sous la pluie dans l'ambiance très particulière des villes pakistanaises sous la pluie de la mousson.
C'est dans la ville de Besham que nous passerons notre dernière nuit, sous très bonne garde, avant de reprendre la KKH pour rejoindre Islamabad et clôturer ainsi cette superbe reconnaissance.
Cette reconnaissance avait pour but d'étudier sur le terrain la possibilité d'organiser au Pakistan du Nord un futur stage de « Marcher pour progresser ». Plus habitué par le milieu saharien pour l’organisation de mes stages, il était indispensable de que je m’y rendre personnellement avant d’y inviter du monde. Pour cette reconnaissance, Tamera nous a proposé un voyage qui fait partie de son catalogue habituel. Ce voyage était particulièrement bien équilibré en ce qui concerne les temps de randonnées, les temps de liaisons et les temps de visites culturelles. Le hasard a bien fait les choses. Paradoxalement, nous avons bénéficié au début de notre voyage de la coupure de la Karakoram Highway qui nous a permis grâce à la réaction de Tamera et de notre réceptif au Pakistan de vivre une extraordinaire aventure en traversant en Jeeps pendant deux jours et plus de 25 heures de pistes et de routes défoncées la région sinistrée par le tremblement de terre de 2005 de l'Indus Kohistan, à travers la Kaghan vallée et le col de Babusar, avant rejoindre l'itinéraire initialement prévu par le programme sur la KKH à Chilas. Même si nous sommes arrivés épuisés à Karimabad, le jeu en valait vraiment la chandelle. Le principe du voyage pour cette reconnaissance était de suivre la KKH du sud au nord et de découvrir en randonnée trois vallées situées dans l'axe est-ouest, et donc perpendiculaires à la KKH, le long de la rivière Hunza, de la rivière Chapursan et de la rivière Shimshal.
Comme vous avez pu en juger sur les photos de cette page, les trois vallées, très différentes, méritent les efforts consentis et méritent aussi que l’on puisse y passer un peu plus de temps sac au dos. Si un prochain « Marcher pour progresser » s'organise au Pakistan, j'aimerais pour ma part passer un peu plus de temps de marche dans la vallée de Chapursan et aussi proposer de faire la marche d'approche de trois ou quatre jours vers Shimshal, pour ensuite découvrir sur les hauteurs de cette vallée les pâturages d'altitude où les femmes, les enfants et les troupeaux de chèvres, de moutons et de yaks passent l'été. En ce qui concerne le Pakistan du nord et ses habitants, pour la plupart ismaéliens, nous n'avons qu'à nous louer et de leur gentillesse et de leur accueil. Nous nous sommes toujours sentis en parfaite sécurité chez les Hunzas. (malgré les événements concomitants de la mosquée rouge qui se déroulaient à Islamabad). Pour parler de nos amis les Hunzas, je préfère céder la parole à Estel ...
Le 7 Août 2007, souvenirs de la Hunza.
De retour depuis 15 jours, la tête encore là bas ... Dans cet ailleurs qui nous a si chaleureusement accueilli ... Montagnes majestueuses entourant tendrement des vallées verdoyantes et pleines de vie ... Comme dans un cocon nourricier, je me suis sentie nourrie, portée, grandie.Quelle belle symbolique que celle de s’enfoncer toujours plus avant, vers des vallées de plus en plus profondes, quasi inaccessibles, par des routes tortueuses (torturées ?) où il n’y a de place que pour le lâcher prise et la confiance ... Et où tout au bout, s’ouvre l’Eden ... Les Hunzas nous ont fait les dépositaires d’un message ... « vous leur direz ? » ... Attristés de la mauvaise presse du Pakistan, ils lancent un message d’amour et de fraternité au travers de leur culture Ismaélienne qui prône un Islam au service des hommes et de la société. Les jeunes sont fiers de nous dire qu’ils étudient (garçons comme filles) et que c’est par, d’une part l’instruction et d’autre part le développement des vertus morales, qu’ils feront avancer leur pays. Estel Camera
La vallée des immortels : redécouvrir les Hunzas.
Secrets de santé du peuple Hunza
A quelques reprise, je me suis permis de reprendre les très beaux textes de Géraldine Benestar et de Pierre Neyret , qui beaucoup mieux que je ne pourrais le faire, sont arrivés à traduire en mots les impressions que j'ai ressenties, que nous avons ressenties, pendant le voyage. J'espère qu'ils ne m'en voudront pas d'avoir voulu inciter les visiteurs de mon site à découvrir leur très beau livre « Hautes vallées du Pakistan » aux éditions Visions de montagnards.