Plateau de Tamrit et Erg Admer (Algérie)

octobre 2007

Nous étions 8 pour ce voyage qui au départ de Djanet en Algérie dans le Tassili des Ajjers, nous a permis de découvrir deux aspects sahariens très différents et complémentaires : le plateau de Tamrit et la lisière de l'Erg Admer.

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L’oasis de Djanet est en plein cœur du Sahara à quelques 2300 kilomètres de la capitale, Alger, à 100 km de la frontière avec la Libye et à 200 km de la frontière avec le Niger. Ici nous sommes également chez les hommes bleus. Djanet est une ville de près de 150 000 habitants principalement des Touaregs, elle se trouve plus précisément dans la région du Tassili N'Ajjer qui s'étend sur une surface de 83 000.

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A la sortie de l'avion, qui nous a amené de Paris via Marseille à Djanet dans le grand sud algérien, nous étions attendus par les 4x4 de notre réceptif, l'Agence Tadrart, qui nous ont déposés au pied du plateau de Tamrit où deux guides, un cuisinier, trois âniers et leurs bourricots nous attendaient pour commencer l'ascencion.

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À la lisière est de son puissant voisin le Hoggar, le massif des Ajjers se développe sur 750 km de long et une largeur qui varie de 60 à 100 km sur la carte, le pays Ajjer émerge des sables qui le cernent sur la majorité de son pourtour.

Au centre des Tassilis N'Ajjer - le plateau des rivières -, nous avons marché trois jours sur le plateau de Tamrit, accompagnés par nos guides âniers, pour une boucle inoubliable au rythme des animaux de bâts.

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Par un sentier raide nous nous engageons dans une cheminée qui nous conduira au sommet du plateau de Tamrit. Djanet se situe à 900 m d'altitude et le dénivelé positif qui nous attend est de 800 à 900 m.

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Nous n'atteindrons le sommet du plateau que le lendemain car à peine débarqués de l'avion nous nous contenterons d'effectuer une première marche d'approche de deux heures, pour la mise en jambes, jusqu'au premier bivouac.

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Tamrit est un site éblouissant où l'on circule sur un tapis de sable fin dans d’étroits couloirs se faufilant entre des colonnes de grés hautes de 10 à 20 m.

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Après la fatigue de l'escalade, ce sera la joie de la découverte, dans le labyrinthe de la forêt de pierre.

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Au sommet du plateau, nous attendent une multitude de cairns en pierre, témoins du passage d'autres randonneurs, qui donnent à l'endroit un aspect lunaire et magique.

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Depuis Tamrit, il faut compter environ quatre heures pour atteindre Séfar, dont les géants de pierres évoquent Angkor.

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L'ombre et la fraîcheur des nombreuses grottes sont les bienvenues pour la pose du Midi. La nuit, l'imposante masse rocheuse restituera la chaleur accumulée pendant la journée rendant ainsi la nuit douce et nos bivouacs étoilés confortables.

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Le Tassili N’ajjer plonge le visiteur dans un monde neuf et fascinant : falaises abruptes qui se perdent dans les sables, forêts de pierres sculptées par l'érosion en dédales fantasmagoriques, gueltas creusées dans des bassins de gré, canyons si profonds et étroits que le soleil n'y pénètre qu'à la verticale.

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Une des grandes curiosités du Sahara est la forêt de cyprès de Tamrit. Ces géants, dont la circonférence atteint 6 m, viennent eux aussi de la Préhistoire(2000 ans). Il en reste une centaine sur le plateau ,derniers témoins d’une époque humide ou le Tassili jouissait d'un climat méditerranéen.

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A proximité de la forêt s'ouvre un canyon vertigineux dont les abîmes plongent dans un à-pic de 700 m

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Dans le labyrinthe de la forêt de pierre, les abris abondent ; peintures et gravures se succèdent.Mais la fragilité des peintures et gravures rupestres a déjà été mise à rude épreuve par l'inconscience de certains touristes. On ne peut que recommander discipline et prudence dans l'approche de ces sites préhistoriques précieux

Dans le Tassili, les hommes du néolithique ont senti le besoin et la nécessité de représenter leur monde en gravant et en peignant sur les parois et plafonds des abris ainsi que sur les dalles et planchers. De magnifiques fresques, peintes et gravées couvrent les parois rocheuses du Tassili, cette manifestation artistique révèle la richesse des activités, des styles et techniques. Des peuples divers en furent les auteurs, se succédant sur une période de plusieurs milliers d'années. A partir d'une comparaison de ces styles et des techniques des gravures rupestres, une classification par période a été admise et couvre environ 7000 à 8000 ans. Les plus belles œuvres représentent la grande faune des mammifères de la zone tropicale : éléphants, hippopotames, girafes, rhinocéros et des bovidés en nombre important ; l'homme y est présent aussi. Le Tassili est l'un des plus fabuleux musées d'art préhistorique du monde, toutes les parois rocheuses, rives d'oued, pitons de grès épargnés par l'érosion nous ont conservé le message de civilisations disparues, des milliers de peintures et gravures rupestres parlent de ces peuples de chasseurs et de bergers qui occupèrent le Sahara jadis.

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Les peintures rupestres

On classe les peintures du Tassili N'Ajjer en quatre grandes périodes : * La 1ere période est celle « des chasseurs » ou « du bubale » qui marque le début du néolithique, qui s'échelonne entre 6 000 et 4 000 ans avant J.C. Cette première période se subdivise en trois parties : - Période des hommes à tête ronde de type longiligne : on remarque des éléphants, girafes mouflons aux cornes très développées. Ce dernier animal a dû jouer un rôle très important dans les croyances anciennes - Période des hommes à tête ronde, stade plus évolué : masque nègres, danseurs et danseuses masqués avec sur le corps des dessins en pointillé qui doivent correspondre à des scarifications. - Le style décadent (le gigantisme) apparaît. * La 2ème période est celle « des pasteurs à bovidés » entre 4 000 et 2 000 ans avant J.C. : dans cette période apparaît le bœuf domestique (les bovidiens gravaient probablement leurs sujets avant de les peindre) * La 3ème est celle « des pasteurs à chars et cavalerie » ou période « du cheval » 2 000 avant J.C. au début de l'ère chrétienne. La présentation des chars peints (plus anciens que les chars gravés) démontre que les populations cavalières issues des peuples de la mer et des libyens avaient atteint le Niger et le Mali près d'un millénaire avant l'ère chrétienne. * La 4ème période dite « du chameau » ou « dromadaire », du début de l'ère chrétienne, est la période la moins intéressante en peinture. Tamera

L'analyse des gravures

Pour aboutir à une hypothèse de classement acceptable, les savants passent au crible toute une série d'informations recueillies sur place.

La patine

La tonalité des gravures diffère suivant leur patine, phénomènes physico-chimiques fixant à la surface du trait un film de sesquioxyde de fer remonté par capillarité. L'élaboration de ce processus demande des millénaires pour s'accomplir complètement. Il est plus ou moins rapide selon l'exposition et le degré d'humidité. Suivant son ancienneté, la tonalité passe graduellement du chamois au gris, au brun , au marron foncé et au gris noir. Pour comparer des gravures placées dans des conditions analogues d'exposition et d'humidité, la patine reste un critère chronologique valable. Sa valeur est indiscutable pour classer les oeuvres d'une même paroi.

Le carbone 14

L'analyse au carbone radioactif, méthode scientifique d'estimation de l'âge des substances organiques, permet de dater avec une grande précision les dépôts organiques que l'on peut trouver dans le sol des sites rupestres. Les superpositions sur une même paroi Les superpositions ont permis d'établir une chronologie relative, d'un grand intérêt.

Styles et technique

L'analyse des styles et techniques donne des informations utiles pour classer les gravures et peintures, mais l'approche doit être prudente

Marmites et pots à lait

Le recensement des vestiges humains fait partie du travail quotidien des chercheurs. La densité la variété de l'outillage haches , meules, flèches, poteries, apporte de nombreuses informations sur les peuples peintres .

L’iconographie Les révélations les plus étonnantes découlent de l'analyse du contenu des peintures et gravures. L'examen des profils humains permet de déceler la présence de populations noires au Sahara au moins 5000 ans avant notre ère. Le symbolisme des masques repéré sur certaines oeuvres atteste l'existence, à cette époque reculée, d'un art original typiquement nègre, qui ne doit rien aux autres écoles européennes. La présence d'animaux, des grands fauves africains, la limitation progressive des espèces dans les différentes étapes chronologiques, donne une image spectaculaire du dessèchement du Sahara. La rapidité du processus est déconcertant, si l'on imagine que l'hippopotame, animal amphibie, est signalé dans le Ténéré, désert des déserts, moins de 3000 ans avant notre ère. Guide bleu du Sahara, Editions Hachette

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Il n'est pas étonnant que dans ce terrain chaotique peu favorable à l'évolution des troupeaux, on ne rencontre que peu d'oeuvres de la période bovidienne.

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Durant trois jours, nous parcourons de gigantesques labyrinthes de rochers noirs ou colorés, nous longeons d'impressionnants à-pics, ou de petites dunes, en évoquant, dans le lit des oueds disparus, les eaux qui contribuèrent à façonner ces lieux depuis bien longtemps.

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Après ces trois jours consacrés à l'ascension du plateau de Tamrit et à la découverte de ses trésors géologiques et archéologiques il est temps maintenant d'entreprendre la fatiguante descente avant d'entreprendre la deuxième partie de notre voyage qui nous conduira à la lisière de l'erg Admer

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La logistique est parfaitement rodée,les 4x4 nous attendent pour nous ravitailler en eau et en nourriture avant de nous acheminer dans l'Erg Admer où nous serons pris en charge cette fois par une caravane de dromadaires.

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L’Erg Admer prend naissance au centre du Tassili N’Ajjer, vers Essendilène et descend au sud pour rejoindre la grande plaine du Tafassasset, qui va se déverser vers le Ténéré, au Niger. Pendant deux jours, entre Djanet et les plus hautes dunes de l’Erg, accrochés au cordon de dunes, notre cap sera plein nord.

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L'Erg Admer : Changement radical de décor et de logistique. Le sable remplacera la caillasse,les dromadaires remplaceront les ânes et pour la plupart d'entre nous les sandales remplaceront les bottines. Vu la chaleur, les gourdes deviendront plus précieuses encore.

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Sur ce terrain sablonneux, les bâtons de marches sont précieux car la perte de motricité est importante dans le sable mou et le franchissement des dunes qui se succèdent sollicite fortement la résistance du marcheur.

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L'ombre est rare et la température ne facilite pas les choses, nous mesurerons à notre thermomètre jusqu'à 42° centigrades en plein soleil.

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Fort heureusement, le feu, le thé parfumé à l'armoise fraichement cueillie dans la journée et les palabres du « Chibani » nous réconfortent le soir au bivouac et nous "réparent" pour l'étape du lendemain.

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Malgré la température et la difficulté du terrain, c'est plus avec les yeux qu'avec les jambes que nous marchons et c'est toujours impatients de nous laisser surprendre par la splendeur de nouveaux paysages que nous reprenons notre randonnée au petit matin.

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Nous ne serons jamais déçus par cet itinéraire très équilibré entre pierre et sable, itinéraire idéal pour celles et ceux qui découvrent pour la première fois le milieu saharien.

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La proximité des animaux, la constante bonne humeur, la gentillesse et la simplicité des touaregs seront aussi des éléments majeurs de la réussite de ce voyage.

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La boucle se boucle, au loin nous apercevons le plateau de Tamrit, première partie de notre voyage, que nous avons quitté voici quelques jours.

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L’oasis de Djanet est en vue et nous jetons un dernier regard déjà nostalgique sur ce paysage ,parfaite synthèse de notre randonnée de 6 jours entre roches et dunes.

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