octobre 2009
A la frontière du Burkina-Faso et du mali s’étendent à perte de vue, sur presque 200km, les falaises du Bandiagara.
Depuis cinq siècles, les Dogons s’y sont installés en se hissant au sommet des escarpements. Nous sommes parti à la découverte de l'une des populations les plus anciennes de l'Afrique noire (les spécialistes la qualifient de paléonégritique), mais aussi d'une civilisation des plus riches et des plus mystérieuses qui, depuis une cinquantaine d'années, fascine les ethnologues.
Outre l'architecture, l'intérêt que présente le pays des Dogons tient à l'extrême richesse de leurs mythes et de leurs rites.
La falaise de Bandiagara est une longue chaîne de grès s'étirant du sud au nord-est sur une distance de 200 km et prolongée par le massif de la Gandamia, lui-même terminé par le Mont Hombori, le plus haut sommet du Mali (avec 1155 mètres). C'est l'un des sites les plus imposants d'Afrique de l'Ouest, que ce soit par ses caractéristiques archéologiques, ethnologiques ou géologiques. Une partie des falaises se trouvent dans le pays voisin qu'est le Burkina Faso.
Une randonnée de plusieurs jours s'impose si l'on veut s'imprégner un peu du pays Dogon et vivre au rythme des villageois. Leur quotidien qui ne semble pas avoir changé depuis des siècles, à l'image de ce qu'en avait perçu l'ethnologue français Marcel Griaule.
Marcel Griaule a approché de près la riche et complexe culture des Dogon parmi lesquels il a souvent résidé à partir de 1931. A sa mort, en 1956, les Dogon lui ont organisé des funérailles traditionnelles. Son mannequin funéraire surplombe aujourd'hui encore le barrage qu'il a fait ériger. Après les cérémonies funéraires, la coutume exige que soit brisée la houe du cultivateur pour signifier la fin de son labeur sur terre : le sens du symbole des Dogon les a alors poussé à briser l'outil de travail de l'ethnologue... un crayon.
Chaque village est composé de cases d'habitation, qui se distingue par leur forme rectangulaire et leur toit-terrasse d'où la vue est somptueuse.Les villages sont parsemés de greniers, carrés à la base et coiffés d'un "chapeau" de paille conique, dans lesquels est stocké le mil.
Trônant dans chaque quartier du village, la grande maison de famille (guinna) est le domaine du patriarche, gardien des autels des ancêtres, autorité morale et religieuse incontestée. Un peu plus loin, sur une éminence d'où l'on peut embrasser d'un seul coup d'œil le village et la plaine environnante, la togouna, ou maison de la parole, est l'endroit où les hommes se réunissent pour discuter des affaires du village.
La togou-na est constituée de huit piliers sur lesquels reposent huit couches de chaume ; le chiffre huit, selon la cosmogonie dogon, correspond au nombre des premiers ancêtres des Dogon. Si le toit du togou-na paraît anormalement bas, c'est simplement parce que les hommes y règlent les problèmes, assis, et si l'un d'entre eux s'emporte en se levant pour mieux se faire entendre, il est rapidement calmé en se cognant le crâne au plafond.
La "case à palabres" est restaurée chaque année, après la saison des pluies par les hommes du village qui consolident le socle et en ravivent les symboles et les couleurs.
A l'écart des maisons d'habitation se remarquent les cases rondes ou les femmes doivent s'isoler pendant leur période menstruelle, tandis que, çà et là, autels et sanctuaires totémiques portent la trace des libations de bouillie de mil ou du sang des sacrifices.
Sur les escarpements et les parois souvent difficilement accessibles des falaises, les Tellem, premiers habitants de la région, ont laissé de nombreuses constructions troglodytes. Celles-ci servent aujourd'hui de cimetière aux Dogon qui, à l'aide de cordes, hissent les corps des défunts jusqu'à leur dernière demeure, suspendue entre ciel et terre. Nul ne sait ce qu'il est advenu des Tellem : supplantés par les Dogon, ils disparaissent de la falaise au XV siècle, sans qu'on ait pu retrouver leur trace ou identifier leurs descendants de façon certaine.
L'origine des Dogon, elle aussi, est mystérieuse. Provenant du Mandé, ils quittèrent cette contrée entre le XIe et le XIIe siècle ; leur départ fut sans doute déterminé par leur refus de se convertir à l'islam. La clémence du climat a servi d'élément de sédentarisation. A leur arrivée dans la région des falaises, Ils se scindèrent en plusieurs groupes établissant des villages le long de l'escarpement sur le plateau ou dans la plaine. Mais Ces derniers sont les plus exposés aux menaces extérieures et les attaques des Mossi au XVe siècle et des Peul au XVII siècle les obligèrent à se replier dans les anfractuosités de la falaise, ce qui explique la généralisation du choix de sites défensifs par les villageois et les caractéristiques si particulières de cet habitat.
Porte de grenier à mil Dogon
Le culte des morts est un élément essentiel de la religion dogon. Lors des cérémonies funèbres, et plus tard lors des "levées de deuil ", les masques sculptés par les danseurs se mettent à vivre, transmettant de génération en génération les mythes essentiels. Pour les voyageurs qui ont la chance d'y assister, ces danses constituent un superbe spectacle mais aussi par-delà l'aspect folklorique, un événement bouleversant car il touche à l'essence même d'un peuple.
Pourtant, même s'il ne fait qu'un bref séjour en pays dogon, le voyageur gardera le souvenir d'un peuple fier, parfois farouche, dur à la peine qui n'hésite pas à travailler sans relâche sur de minuscules parcelles où la terre a été apportée à dos d'homme -- mais aussi d'un peuple qui veille sur ses traditions, sachant ce qu'elles représentent pour lui : son plus précieux trésor.
Nous sommes dix à quitter Paris et son ciel grisâtre pour rejoindre, via Tripoli en Libye, Ouagadougou au Burkina Faso.
Notre réceptif à Ouagadougou, l'agence "Couleur d'Afrique" a organisé notre Transfert en "Taxi brousse" pour le Mali et les falaises de Bandiagara.
Rejoindre la falaise de Bandiagara nous prendra une journée complète et "Oumar" notre dévoué chauffeur organise le ravitaillement en bouteilles d'eau minérale car la température sera souvent supérieure à 30 degrés pendant cette liaison.
Les rencontres sont aussi nombreuses qu'insolites sur les routes et les pistes africaines.
Mais nous n'imaginions tout de même pas croiser, au milieu de nulle part, le "Tour cycliste du Burkina Faso".
Nous assistons en direct à une crevaison de l'équipe du Togo et de la Côte d'Ivoire,... très vite réparée.
Pose déjeuner dans une ambiance très "Out of Africa"
Au fur et à mesure que nous approchons du Mali, la végétation se raréfie et l'ambiance se fait de plus en plus sahélienne.
Le village de Koro et sa magnifique mosquée marque le début d'une piste abîmée par la fin de la saison des pluies.
A partir d'ici, nous mettrons encore plusieurs heures de pistes défoncées, pour rejoindre de nuit et souvent au pas d'homme, le village de Sangha, point de départ de notre trek.
Le lendemain matin, l'aube se lève sur le très beau gîte de notre guide Moussa.
Nous découvrons de la terrasse, où nous avons passé notre premier bivouac, le paysage du plateau Dogon qui nous entoure.
La table d'un petit déjeuner très matinal nous attends, car il faudra déjà être en marche dès 7 heures, pour éviter la chaleur.
Dominique prévoit, pour la journée, deux litres dans son sac à dos car nous ne verrons plus notre logistique avant le bivouac du soir.
Lunettes solaires et foulards transforment rapidement le look de mes compagnes de trekking.
Moussa réuni notre groupe pour expliquer que dans la traversée des villages, nous devrons rester groupés pour éviter de profaner involontairement les nombreux lieux sacrés impossibles à repérer par des yeux non initiés.
Moussa nous invite à pénétrer dans sa maison familiale et à monter sur la terrasse, pour découvrir les toits du village afin de mieux comprendre l'architecture et l'organisation caractéristique des villages Dogons et de Sangha en particulier.
L'architecture dogon est spécifique. La plupart des villages sont implantés dans la falaise, et accessibles uniquement par des chemins escarpés qui empruntent les failles du plateau. La case traditionnelle est organisée autour d'une cour, chaque femme ayant son grenier auquel le mari n'a pas accès. Le grenier du mari sert à conserver le mil, le grenier des femmes sert, lui, à conserver les condiments et différents objets. Les greniers sont clairement identifiables par leur toiture en seko (paille), celui du mari étant en général, le plus important.
Il existe différentes sortes de greniers (appelés gôh) d'architecture spécifique, et ayant une attribution et une symbolique particulière :
Spectacle privilégié pour notre groupe qui peut ainsi observer les diverses récoltes qui s'étalent sur les toits et toute une population qui s'active de bon matin.
Les Dogons sont un peuple du Mali. Leur population est estimée à 700 000. Ils occupent la région, qui va de la falaise de Bandiagara au sud-ouest de la boucle du Niger. Quelques Dogons sont installés dans le nord du Burkina Faso, d'autres se sont installés en Côte d'Ivoire. Les Dogons sont avant tout des cultivateurs (essentiellement du mil) et des forgerons. Ils sont réputés pour leur cosmogonie et leurs sculptures.
La langue parlée par les Dogons est le dogon qui regroupe plusieurs dialectes. Il existe aussi une langue secrète, le sigi so, langue réservée à la société des masques.
Nous traversons Sangha et découvrons de plus près la fascinante et surprenante architecture du peuple Dogon pour laquelle nous sommes aussi venu ici.
Une des caractéristique de cette architecture Dogon est la symbolique des magnifiques sculptures des portes des maisons et des fenêtres des greniers.
Un toit de paille protège des intempéries les constructions de terre et donne aux villages leur aspect si caractéristique.
Nous quittons Sangha au fil des ruelles et des rencontres qui se succèdent avec les villageois.
A la sortie du village, un très beau trekking nous attend pour plusieurs jours.
Ici une grande rigueur règne sur l'aménagement et l'entretien des cultures, cet ordre témoigne aussi de l'organisation de la société Dogon.
A la sortie du village, Moussa nous amène à la "table du renard".
Leçon sur la "synchronicité" revisitée à la manière des dogons.
La "Table" sert d'instrument de divination. La personne qui a des problèmes, va trouver le "devin" pour qu'il lui prédise l'avenir où lui donne quelques conseils.
A l'écart du village en fin d'après-midi, le devin, suite aux explications du client, trace un grand rectangle divisé en plusieurs cases, dont chacune reçoit différents signes et petits bâtons plantés dans le sol.
Ensuite le devin demande au client de lancer sur cette "table" une poignée de cacahuètes, puis tous deux quittent les lieux jusqu'au lendemain matin. Pendant la nuit un renard (ou Chacal), vient manger les cacahuètes en piétinant la "table". Le matin, le devin revient avec son client, et interprète les traces laissées par le renard, et en fonction de celles-ci et des bâtons renversés lui prédit l'avenir.
Nous quittons cet endroit insolite et même magique, non sans y avoir laissé quelques offrandes pour favoriser la réussite de notre trekking.
Une meute d'enfants accoure à notre rencontre laissant présager la proximité d'une école.
Les enfants nous accompagnent jusqu'à une faille qui traverser un pan de falaise sous le village.
Une sympathique chorale nous accueille à la sortie de ce mystérieux passage.
Ce franchissement symbolique de quelques mètres de passage souterrain, nous donne l'impression d'être passé d'un "autre côté" plein de promesses et de découvertes.
En bas de la falaise des villages que nous découvrirons peut-être demain où plus tard ?
Plusieurs petits barrages ont été construits en pays Dogon pour favoriser l'irrigation des cultures et plus particulièrement celle des oignons qui font la réputation de ce territoire dans plusieurs pays d'Afrique de l'ouest.
En descendant en pente douce vers la plaine qui entoure la falaise, nous quittons les cultures pour un plateau plus minéral.
Une petite pose pour Lizzie et Nathalie qui se préparent pour une marche "méditative et solitaire" car le terrain s'y prête bien, ce qui ne sera pas toujours le cas les prochains jours dans les sites chaotiques que nous traverserons.
Il est déjà midi, la chaleur est importante et il est temps de nous réfugier à l'ombre de ce gîte.
Martine travaille déjà à son futur carnet de voyage, pendant que la plupart d'entre nous s'adonnent à la sieste.
Nous reprenons notre descente vers la plaine aux environs de 15h 30, la chaleur est encore bien présente, mais heureusement la végétation se fait plus dense et l’ombre est généreuse.
Ce chemin bien entretenu laisse présager l'approche d'un village. D'ailleurs, Moussa nous attend pour nous regrouper.
Avant de pénétrer dans ce village animiste, notre guide nous rappelle la consigne de ne pas nous éloigner de lui et de bien veiller à ne pas pénétrer dans des lieux vénérés par les habitants.
Les baobabs dont l'écorce à servi à réaliser des lianes présentent des nervures et des textures qui ajoutent au charme et au mystère du lieu.
Nous sommes tous très sensibles à l’atmosphère quasiment onirique qui se dégage de ces lieux.
Originellement, les dogons sont animistes. Bien qu’ayant fui pour éviter l’islamisation (les guerriers peuls les appelaient les « Habés » — païens), la majorité des Dogons sont aujourd’hui musulmans même si les pratiques animistes sont encore bien présentes. Une minorité est chrétienne.
Marcel Griaule, l’ethnologue, a étudié les Dogons. En 1946, il a eu des entretiens avec Ogotemmêli, un ancien chasseur devenu aveugle suite à un accident et ayant mis à profit l'inactivité due à son handicap pour approfondir ses connaissances traditionnelles. À partir de ces entretiens, il a publié plusieurs livres, dont le célèbre "Dieu d'eau" sur la cosmogonie dogon.
Les Dogons croient en un dieu unique, Amma. Il créa la terre et en fit son épouse qui lui donna un fils, Yurugu ou le « Renard pâle . C’était un être imparfait qui ne connaissait que la première parole, la langue secrète sigi so. La terre donna ensuite à Amma un couple d'enfant jumeaux appelés Nommo. Ceux-ci étaient à la fois mâle et femelle. Maîtres de la parole, ils l’enseignèrent aux huit premiers ancêtres des hommes, quatre couples de jumeaux, nés d'un couple façonné dans l'argile par Amma.
Dans ce pays, les chapeaux de pailles protègent les hommes du soleil et les greniers des intempéries.
Surtout rester bien groupés !
Et il est interdit de pénétrer dans la case à palabres.
Mais cela n'empêche pas les rencontres et les contacts.
Le soleil est déjà bas et les paysans remontent lentement vers le village avec la récolte du jour sur la tête et le sourire aux lèvres, malgré la dure journée qui est loin d'être terminée tant les tâches à accomplir ici pour simplement survivre sont nombreuses.
Nous poursuivons notre marche par une température idéale, en longeant la rivière et les plantations de mil et de sorgho.
Une jeune femme invite spontanément Nathalie à se servir de cacahuètes fraîchement cueillies. Cette image sera un des plus beau souvenir de ce voyage.
Les écolières sont autant intriguées et ravies que nous par la rencontre et les échanges. Les questions fusent de part et d'autre.
Un dernier obstacle, bien rafraîchissant, à franchir avant le premier bivouac qui s'annonce tout proche.
Manifestement ce bain de pieds inattendu ne dérange pas Lizzie.
Priorité aux travailleuses sur les trekkeuses.
Ce panneau publicitaire sent l'auberge et peut-être avec un peu de chance la bière fraîche aussi ?
Le rituel du montage des moustiquaires sera immuable lors des bivouacs en plein air sur les terrasses des campements, car le pays Dogon se trouve en zone 2 en ce qui concerne le paludisme et cette précaution est indispensable en plus de la prophylaxie médicamenteuse que nous prenons tous.
Petit déjeuner matinal et commentaires sur cette première nuit à la belle étoile tandis que le soleil donne ,aux pierres qu'il réchauffe, de magnifiques couleurs chaudes.
En route dés 7 heures du matin, toujours à cause de la chaleur qui nous attend, nous traversons le village pour nous diriger vers la rivière qui longe celui-ci.
Des échoppes vides attendent le prochain jour du marché.
A chacun son sac sur le dos.
Nous nous engageons sur une magnifique dune, en pente douce, encore couverte de végétation grâce à la saison des pluies qui vient à peine de s'achever.
Face à nous, se profile la falaise que nous allons gravir ce matin pour rejoindre un ancien village Tellem.
Au pied de la falaise, attendent des porteurs qui proposent leurs services. La négociation ne sera pas longue et nous aurons ainsi l’occasion et le plaisir de donner un peu de travail à ces jeunes.
Moussa organise sa nouvelle équipe.
L'idée de se faire accompagner par ces jeunes porteurs était plutôt bonne car la pente devient rapidement assez raide.
Nous arrivons en vue des premiers vestiges troglodytes des Tellems.
Comme partout ici, la case à palabre est située sur un site magnifique et surveille tout le village.
Les Tellems (« ceux qui étaient avant nous », selon l'expression des Dogons) sont un peuple qui vivait au Mali, dans la Falaise de Bandiagara.
Dans les alvéoles rocheuses de cette falaise rouge, des constructions en glaise abritent des ossements des Tellems ainsi que des vestiges témoins de leur civilisation, bien antérieure à celle des Dogons. L'arrivée des Tellems remonte au XIe siècle. Les fouilles archéologiques ont permis de retrouver de nombreux ossements mais aussi des objets comme des tissus, de la vannerie, des perles, des poteries ... Ils vivaient en troglodytes, leurs maisons construites dans la falaise. De petite taille, ils ressemblaient aux pygmées.
Ils vivaient de la pêche, de la cueillette, de l'agriculture à la houe, de l'élevage et de la chasse à l'arc. Dans les nécropoles, ils plaçaient les offrandes aux côtés des défunts, tantôt dans leurs vêtements (les femmes portaient un cache-sexe de fibres tressées) ou parfois enveloppées dans des couvertures. Les squelettes gisant épars; de toute évidence les dépouilles furent progressivement déplacées afin de ménager de l'espace pour de nouvelles inhumations.
Afin de pouvoir établir l'identité biologique de la population tellems, ces squelettes ont été examinés. Ils appartiennent tous à un seul groupe, à caractères anthropométriques reconnaissables, dont la composition génétique n'a pas beaucoup changé pendant les 5 siècles de son existence. Au XIVe siècle, les Dogons, venant du pays Mandé et qui fuient l'islamisation, arrivent dans les falaises.
Les Tellems fuient à leur tour pour se réfugier vers le sud, au Burkina Faso. Les sécheresses, les famines et les maladies entraîneront leur disparition. Les anciennes maisons des Tellems, sises en hauteur le long de la falaise, serviront de cimetière pour les Dogons qui hissent les corps de leurs morts à l’aide de cordes.
Moussa nous donne de nombreuses et passionnantes explications sur le site et sur ses anciens habitants, les Tellems.
La marche reprend, vers le sommet de la falaise, toujours allégée par les jeunes porteurs.
Quelques flaques subsistent au sommet de la falaise témoignant des pluies récentes qui ont rendu notre liaison sur la piste si longue et si difficile.
La plaine du pays Dogon.
Nous nous préparons pour une des séquences "aventure" du voyage, car il faut descendre avec des échelles traditionnelles dans cette faille "sécurisée" avec quelques échafaudages locaux faits de branches épaisses.
Manifestement, cette épreuve ne semble pas inquiéter Marie-Claire.
Il faut dire que Moussa veille à la sécurité de tous avec beaucoup de professionnalisme.
La faille débouche sur un canal artificiel qui irrigue un surprenant village construit a même la falaise.
Il ne nous reste plus qu'à descendre parmi les éboulis qui protègent l'accès au village sur ce versant , pour rejoindre la plaine et le bivouac de cette étape réellement sportive et éprouvante.
Enfin de l'ombre et un repos bien mérité pour tout le monde.
Nous avons pris un long temps de repos après le repas de midi et il ne nous reste plus que deux heures de marche à travers les hautes herbes pour rejoindre le campement du soir.
Campement plein de charme agrémenté de superbes plantes et de sculptures.
Il règne une grande animation ce matin à la sortie du campement qui se situe en plein centre du village.
La traditionnelle case à palabres du village et ses 8 piliers magnifiquement sculptés qui soutiennent les 8 couches de chaume de la toiture. Le chiffre 8 est un chiffre très symbolique chez les Dogons car il rappelle les 4 premiers couples qui ont peuplé la falaise.
A la sortie du village, nous retrouvons les herbes et l'irritant "Cram Cram" qui s'accroche aux chaussettes et aux pantalons.
Voici les salutations complètes en pays Dogon:
AGAPO
Bonjour
OHW
Bonjour
OUSEWO
Comment vas-tu ?
(Si c'est un homme.)
YANASEWO
Comment vas-tu ?
(Si c'est une femme.)
SEWO
Ça va.
OUMANASEWO
Comment va ta famille?
SEWO
Ça va.
OUNOUSEWO
Comment vont les enfants?
SEWO
Ca va.
HOO indique la fin et le début de l'interlocuteur qui relance à OUSEWO ou YANASEWO et c'est reparti ...
Lizzie profite de l'énergie d'un Baobab.
Nous approchons d'un village installé au bord de la falaise.
De très belles poteries "traînent" sous les échoppes vides du marché.
Notre ascension vers un nouveau village de la falaise débute ici.
La très belle maison du "Hogon" du village nous donne l'occasion d'une pose contemplative tant cette architecture nous plaît et retient notre attention dans ses moindres détails.
L'ombre des arbres nous permet d'écouter les explications de Moussa sur la vie du Hogon.
Le Hogon est le plus vieil homme du village chez le peuple dogon. Mais comme l'état-civil n'est pas rigoureux, les vieux du village s'accordent pour désigner celui qui est effectivement le plus vieux. A partir du moment où il est nommé Hogon, sa vie s'arrête. Il ne peut plus poser le pied nu par-terre. Il doit passer sa journée assis devant sa maison. Il ne sort pas de chez lui et ne participe pas à la vie sociale courante du village. En cas de question grave, il est consulté par les initiés du village.
Il ne vit plus avec sa femme (ou ses femmes), mais elle peut venir le voir. Il se fait servir ses repas par une jeune fille pubère. Il ne peut plus se laver.
Le Hogon est le prêtre du Lébé, le serpent-vieil homme.
Chaque nuit, le Lébé se rend chez le Hogon.
Il lèche le corps du Hogon, lui donne la force de vivre un jour de plus.
La salive du Lébé, c'est la force de l'humidité, la force de la parole.
Le Hogon ne doit donc ni se laver, ni suer, sinon il perd la force du Lébé.
Le jour où le Hogon prend peur du serpent, il meurt.
Cette case à palabres est particulièrement bien située.
Nous quittons le village de la falaise et redescendons vers la chaleur.
Il fait tellement chaud aujourd'hui,que même les crocodiles sortent la tête des façades pour s'aérer un peu.
Pose rafraîchissement dans ce très beau campement avant de repartir à l'assaut de la falaise et à la découverte d'un autre village.
La Tagouna marque la sortie du village et début de la descente vers Banani où nous déjeunerons ce midi.
Aline offre un massage régénérant des pieds à Nathalie.
Et Lizzie à Marie-Claire.
Notre logistique se repose à l'ombre et nous rejoindra ce soir par des chemins beaucoup plus directs que ceux que nous empruntons pour notre randonnée.
Le "Cram Cram" s'est de nouveau invité sur nos chaussettes dans nos chaussures et dans nos pantalons, nous apprenons d'un villageois que la meilleure façon de nous en débarrasser, sans nous piquer les doigts, est de le mouiller avant de l'arracher. Et ça fonctionne !
Les ombres s'étirent, la température est délicieuse pour rejoindre notre étape du soir au village d'Ireli qui est encore à 2 km.
Victoire!!!! Nous y sommes pour ce soir !
Quelques bières avant la douche et ensuite nous monterons, comme chaque soir, l'indispensable moustiquaire.
Ce matin, le soleil a rendez-vous avec la lune, avec le baobab et la falaise.
Le départ est donné ! Aline en tête et Marie-Claire dans ses pas, parfaitement équipées toutes deux, elles s'élancent bravement! Les supporters enthousiastes lèvent les bras et applaudissent leur courage avant la première grimpette qui les attend dans peu de temps.
Manifestement c'est une belle étape de côte qui nous attend.
Comment se lasser d'une telle architecture?
Chaque passage un peu difficile est aussi la promesse d'une nouvelle découverte.
Une cour ombragée du village, nous offre pour quelques instants son hospitalité.
Chacun son style et sa méthode pour se protéger la tête du soleil brûlant tout en dégustant quelques cacahuètes fraîchement cueillies par Moussa.
Chacun son style et sa méthode aussi pour le franchissement des gués.
Nous profitons de cette pompe installée par une ONG pour mouiller les chèches et les chapeaux.
Le croco, lui, reste bien planqué dans la fraîcheur de la vase de ce point d'eau.
Deux litres par personne seront nécessaires ce matin, Dominique et Catherine partagent équitablement ce qui leur reste.
Heureusement, la superbe végétation et l'ombre de ces baobabs annoncent de l'eau et un village tout proche.
Anne se risque à goûter à la bière locale produite avec du Mil ou du Sorgho. Nous la dégusterons bien chaude et dans une calebasse, comme c'est ici la coutume depuis toujours.
"L'autre" Anne du groupe délaisse la "gastronomie" locale et a décidé d'une toute autre activité.
Il est toujours très agréable de rencontrer son animal totem au détour d'un chemin ou d'une piste. Ce n'est pas Anne qui nous contredira.
Pendant cette dernière ascension du trekking, pas besoin d'un long commentaire sur la chaleur de cet après midi, il suffit tout simplement d'observer l'état du T-shirt d'Anne et ses "munitions" d'eau à la taille.
C'est la haut que nous montons ... lentement.
Les règles d'une hydratation régulière sont scrupuleusement respectées.
Décidément les crocos veillent partout dans ce pays.
Dernière séquence "frisson" pour Anne avant de clôturer cette randonnée.
En cours de route quelques porteurs se sont joints à nous pour nous aider et enfin, le sommet est atteint.
Ici aussi, il faut faire très attention de ne pas quitter le chemin car plusieurs lieux de culte pourraient malencontreusement être involontairement profanés.
Nos accompagnateurs sont manifestement très vigilants.
Le trek est terminé et le taxi brousse de notre chauffeur Oumar est fidèle au rendez-vous fixé par Moussa.
Dernier adieux et ce n'est certainement pas sans nostalgie que nous quittons Moussa à cette croisée des pistes et que nous le regardons partir vers son village accompagné de son ami le cuisinier.
Notre itinéraire de retour vers le Burkina nous à permis de visiter Mopti, la « Venise Malienne », où une foule bigarrée de Peuls, Dogon, Songhaï, Maures et Bozo, vend et achète diverses marchandises.
La chance de Mopti vient des eaux du Niger, toujours assez hautes pour permettre la navigation à toute sorte d'embarcations selon les saisons. Le prix à payer de toute cette activité est une forte pollution des eaux.
Ici ça "chèche" tout seul au soleil.
Le marché aux poissons.
Dommage de ne pouvoir conserver les odeurs de cette image et de vous les faire partager.
Les pinasses alignées le long des quais du port sont de grands bateaux motorisés de transport d'hommes, d'animaux et de toutes les marchandises imaginables et aussi inimaginables.
Au départ de Mopti, il est possible de rejoindre Tombouctou par le fleuve Niger. Un trajet mythique de plus ou moins trois jours de navigation.
Couleurs d'Afrique
Mopti, la "Venise malienne" devrait plutôt être appelée "la ville sauvée des eaux", car de fait, elle donne l'exemple d'une de ces rares cités, fruit des efforts des hommes, où il a fallu arracher du fleuve le sol lui-même avant de bâtir des maisons. L'architecture est de type soudano-sahéliene. On y trouve encore les marques du passé, et plus encore les signes d'une activité débordante.
Ces embarcations transportent des herbes qui sont récoltées un peu partout sur les rives du fleuve Niger et qui servent à nourrir les nombreux animaux que chaque famille élève en ville, pour la viande uniquement, parfois même dans les cours des habitations.
La mosquée de Mopti est assez récente malgré son aspect traditionnel
Le marché de Mopti est essentiellement fréquenté par les femmes qui peuvent y trouver tout ce dont elles ont besoin pour l'organisation de la vie quotidienne.
Nathalie, elle, y a plutôt trouvé un sympathique partenaire de jeu.
Retour sur le port, où les pinasses débarquent, embarquent, nettoient, réparent, etc., avant le prochain voyage sur le fleuve.
Au même moment, les villageois du bord du fleuve s'adonnent à leurs activités traditionnelles et plus particulièrement à la pêche.
Il est temps de reprendre la piste pour rejoindre Ouagadougou au Burkina.
Des rencontres imprévues sont toujours à craindre où à espérer, et cette fois, ce ne sera pas le tour cycliste du Burkina Faso.
Mais peu importe, quoiqu'il arrive , rien ne risque d'affecter la constante bonne humeur de Oumar notre formidable chauffeur, même s'il lui arrive, il faut bien le dire, d'être parfois un peu stressé par le temps occidental imposé les touristes.
C'est presque la fin du voyage dans ce bar à la frontière du Mali et du Burkina où le hasard (où la synchronicité), nous donne l'occasion de conclure grâce à cette affichen sous l'oeil goguenard de quelques vautours employés par le service d'entretien de la voirie locale et chargés de l'élimination des déchets domestiques dans les rues.
Marchons ...
et progressons ensemble !