Désert du Sinaï (Egypte)

février 2008

La péninsule du Sinaï

La péninsule du Sinaï s’étend de la mer Rouge, entre le golfe de Suez et le golfe d'Aqaba. On l'appelle souvent « le troisième désert » de l'Égypte, le premier étant le désert de Libye, à l'ouest du Nil, et le second le désert d'Arabie, à l'est. Son territoire, très riche en minerais de cuivre et de turquoise, fut parcouru dès l'ancien empire par les expéditions des pharaons qui entreprenaient souvent le voyage pour se procurer les précieuses matières premières. Environ 1000 ans plus tard, selon la tradition, le désert et les monts du Sinaï servirent de cadre à l'exode ; c'est là que Moïse reçut de Dieu les tables de la loi, c’est aussi là que serpenta l'interminable route vers la Terre promise, dans ce lieu très saint pour les juifs comme pour les chrétiens, but de nombreux pèlerinages. Les monts du Sinaï, dont les principaux sommets sont le Mont Ste Catherine et le Mont Moïse, occupent le centre et le sud de la péninsule et descendent sans se presser jusqu'aux eaux extrêmement limpides de la mer Rouge où l'on peut admirer, dans un milieu encore intact, l'une des faunes marine les plus riches et les plus variées du monde. Le désert et la mer sont donc les deux éléments qui dominent au Sinaï, formant, lorsqu'ils se rencontrent, des paysages d'une incomparable beauté et d'une grave grandeur.

Le monastère de Sainte-Catherine.

Le monastère de Sainte-Catherine est niché dans une vallée au pied du « Djebel Musa », le mont Moïse qui culminine à 1570 m d'altitude, fondé par l'empereur Justinien entre 527 et 547. Entouré d'une solide muraille le monastère fut agrandis plusieurs fois au cours des siècles suivants. Les murs de l'enceinte ont des dimensions et des hauteurs différentes selon les endroits, pour pouvoir s'adapter à la conformation de la montagne ; chaque côté mesure de 74 à 84 m de long, pour une hauteur qui varie entre 9 et 15 m.

La Bible raconte que les hébreux après 50 jours d'errance à travers les montagnes et les déserts du Sinaï, arrivèrent dans la plaine du repos au pied du mont Horeb. Sur cette montagne Moïse reçut de Dieu les tables de la loi, le décalogue, sur lequel se fondent les religions juives et chrétiennes. Le mont Horeb, appelé ensuite mont Moïse devint la montagne sacrée par excellence, lieu de pèlerinage et de méditation pour les premiers chrétiens. À ses pieds s'installèrent de petites communautés de moines, mais ce n'est qu'en 330 qu'Hélène, mère de l'empereur Constantin qui, en 313, avait agrandi la liberté de culte aux chrétiens, fit construire une petite église sur le lieu où Moïse avait vu le buisson ardent. La communauté monastique qui vivait près du mont Moïse continua de se développer dans les siècles suivants et attira de plus en plus de pèlerins. En 527, Justinien ordonna la construction d'un véritable monastère, avec une grande basilique et d'imposants remparts pour la protéger des attaques des bédouins. L'enceinte engloba aussi l'église primitive de Sainte-Hélène. Malgré la conquête musulmane du Sinaï en 641, les moines continuèrent de vivre dans le monastère, garantis par un édit de Mahomet qui les prenait sous sa protection. L'afflux des pèlerins diminua cependant énormément et ne reprit qu’au XIe siècle, à l'époque des croisades. Ce fut en effet grâce aux croisés que la légende et le culte de Sainte-Catherine se propagèrent en Europe, à tel point que le monastère du Sinaï devint, avec Compostelle, Jérusalem et Rome, l'un des grands lieux de pèlerinage de la chrétienté. Après la conquête ottomane de l'Égypte et du Sinaï, le monastère obtint la protection des nouveaux maîtres par un édit du sultan Selim Ier en 1517. L'importance et l'influence du monastère continuèrent de croître même au cours de cette période difficile et il essaima non seulement en Égypte et en Palestine, mais aussi en Crète, en Roumanie et en Russie. Bonaparte lui-même lors de son expédition en Égypte, promulgua un édit de protection du monastère, qui est encore conservé dans la galerie des icônes, et ordonna la restauration de l'enceinte.

L'ascension du mont Moïse

L'ascension du mont Moïse (identifié avec le mont Horeb de la Bible) est une randonnée inévitable pour tous ceux qui visitent le site de Sainte-Catherine. La montée jusqu'aux 2286 m du sommet demande environ trois heures et peut être réalisée en suivant des itinéraires différents qui se rejoignent dans la partie finale du parcours. Le premier itinéraire correspond à celui que Moïse, d'après la tradition, aurait suivi lors de sa première ascension et consiste essentiellement en un long et raide escalier de 3700 marches taillées par les moines dans la roche. Le deuxième itinéraire pour escalader le mont Moïse, moins fatigant mais plus longs, peut être parcouru à dos de chameaux sur un beau tronçon, après quoi il rejoint le premier itinéraire, celui des escaliers, que l'on doit absolument emprunter pour pouvoir accéder au sommet.

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La randonnée dans le Sinaï

Les bédouins du désert.

Les bédouins sont par définition les populations nomades des régions désertiques; leur nom l'indique clairement puisqu'il vient du mot arabe « Bedu » qui signifie « habitants du désert ». Les immenses étendues de sable désolé et les montagnes inhospitalières sont leur habitat préféré, leur royaume incontesté. Depuis toujours ils vivent sous des tentes avec leurs chameaux et leurs chèvres, se déplaçant suivant les saisons et les possibilités de pâturages, éternellement vêtus de leurs djellabas , une longue tunique blanche, et la tête recouverte du keffieh. Ce morceau de tissu rectangulaire est enroulé autour de la tête à l’aide de "l’ugal", un cordon double qui était fait jadis avec des poils de chèvres tressés et qui est aujourd'hui plus simplement en coton. Dans l'imaginaire occidental, ils sont restés les hommes du désert, qu’il dominent du haut de leurs chameaux. En réalité, leur société tribale basée sur le nomadisme se trouve aujourd'hui soumise à des changements profonds et semble destinée à subir une lente métamorphose qui signifiera certainement une progressive perte d'identité. Les bédouins qui comptent plus de 50 tribus, occupent un très vaste territoire comprenant la péninsule arabique, la Syrie, la Jordanie, l'État d'Israël, le Sinaï et le désert oriental. Au Sinaï vivent environ 50 000 bédouins, répartis en une dizaine de tribus qui résultent de la fusion de tribus plus anciennes avec d'autres, arrivées plus récemment dans la péninsule.