novembre 2018
Ce carnet de voyage est dédié à la séquence de 4 jours en kayak qui nous a permis de découvrir la rivière Tapon et le lac Tonlé Sap lors d’un voyage de 15 jours au Cambodge dont l’originalité était de mêler harmonieusement la marche, le kayak , le vélo et la culture pour découvrir ce merveilleux pays.
Nous avons découvert les principales composantes du Cambodge sans avoir à faire de longs transferts, en évoluant dans la région de Siem Reap et du lac Tonlé Sap autour des temples d'Angkor sur des « chemins secrets » qui nous ont menés en randonnées à travers rizières et forêts, sur les traces de la civilisation khmère, mais aussi à la découverte des endroits reculés au cœur des petits villages accessibles uniquement en kayak ou par quelques chemins.
Mis en forme par les randonnées pédestres durant les 5 premiers jours du voyage, nous sommes partis pour quatre jours de Kayak tout d’abord en direction du village de Kralanh qui se situe au nord-ouest du lac Tonlé Sap.
Le Tonlé est un système hydrologique combinant lac et rivières, d'une importance capitale pour le Cambodge. Le lac est le plus grand lac d'eau douce d'Asie du Sud-Est et un site de première importance du point de vue écologique, reconnu en tant que réserve de biosphère par l'Unesco en 19973. Le lac est situé en plein centre du Cambodge. Le site historique d'Angkor se trouve tout près de son bord nord. Le lac occupe une dépression créée par la contrainte géologique causée par la collision du sous-continent indien et de l'Asie.
Le régime d'écoulement alternatif de la rivière Tonlé Sap est celui d'un cours d'eau sans source hydrographique et est très rare dans le monde : selon la saison, elle coule du lac vers le Mékong (nord-ouest vers sud-est en saison sèche de novembre à mai) ou du Mékong, alors en crue, vers le lac (sud-est vers nord-ouest saison de fonte des neiges himalayennes et des pluies de mousson de mai à novembre), le lac servant ainsi de déversoir au trop-plein des eaux en période de hautes eaux et de réservoir en période de basses eaux. Ce lac est donc une protection naturelle, agissant comme une vanne de sûreté, quoique parfois insuffisante, contre les inondations du Mékong. On appelle « retournements des eaux » les périodes où le cours de la rivière Tonlé Sap s'inverse, une fois par an dans chaque sens (mai et novembre). La Fête des Eaux (Bon Om Touk en khmer) en novembre, se situe au moment où les eaux sont les plus hautes, la rivière va ensuite de nouveau couler vers le Mékong.
Après avoir embarqué et fait glisser nos esquifs sur la rivière Tapon, laissant derrière nous ses berges peuplées pour nous enfoncer dans les terres inondées… nous avons parcouru environ 25 km en suivant les lacets du cours d’eau. Tout au long du trajet, gerbes de bambous, rizières et cultures maraîchères se sont succédées côté terre - tandis que de petits dispositifs de pêche jalonnent ses rives- jusqu’au hameau de Ta Om. Ses grands arbres et la présence d’une église lui donnent à la fois beaucoup de charme et de mystère, nous avons terminé la journée en faisant connaissance des riverains et avons passé la nuit chez l’habitant.
Nous poursuivons notre descente de la rivière Tapon, marquée ici et là par la présence de petites maisons ou de cases, toutes munies d’une barque ou d’un canot tandis qu’arriver par voie de terre devient impossible. Après s’être arrêté pour déjeuner, nous repartons sur le cours d’eau qui se rétrécit. La végétation plus clairsemée qui ornait ses berges en amont devient plus feuillue et prend des formes étranges. La rivière se resserre encore et serpente à souhait entre ces statues de lierre semi-aquatique avant de s’élargir à nouveau à l’approche de la rivière Sangker, affluent direct du lac Tonle Sap. Notre objectif était d’arriver au plus près du village de Prek Toal, où nous avons passé la nuit chez l’habitant.
Aujourd’hui, nous découvrons à bord de nos kayaks le site de Prek Toal, sa réserve ornithologique située à proximité de l’embouchure de la rivière Sangker et son village flottant, où l’on touche du doigt le quotidien du pêcheur et de l’artisan. A bord de nos kayaks, nous filons sur les chenaux qui serpentent dans la réserve, à la recherche des oiseaux migrateurs qui trouvent ici de bonnes conditions pour nicher. Le village est tout aussi animé. Les pêcheurs ne cessent d’accoster pour débarquer le poisson que trie le reste de la famille, accroupie sur les pontons de leur maison, tandis que les artisans s’activent ; les tisserandes du projet Saraï en particulier, tressent l’envahissante jacinthe d’eau en objets usuels et mobilier…
Forts de l’expérience acquise lors des trois journées précédentes, nous partons pour une longue échappée vers la rive opposée et le site de Kompong Phluk. Nous effectuons la traversée en début de matinée en longeant avec précaution la rive nord du lac pour échapper au vent et à la houle qui le métamorphosent en mer intérieure. Il nous reste tout l’après-midi pour découvrir Kompong Phluk, son village extraordinaire et sa forêt inondée, son habitat haut-perché et ses arbres semi-aquatiques amplement immergés alors qu’à la saison sèche on s’y promène à pied. Parcourir cet autre monde avec les villageois permet de découvrir pleinement son écosystème étonnant. Nous avons terminé le voyage par une très agréable soirée et nuit chez l’habitant.